Site exclusivement en allemand, accusation de tricherie, mécontentement massif… rien n’épargne la sélection Suisse cette année. L’initiative d’organiser une sélection par Internet était pourtant bien attractive, surtout après les déboires des candidats des années passées. Tout avait bien démarré. De nombreux professionnels de la chanson ont répondu présents, avec des chansons performantes, et on se disait que la Suisse allait enfin pouvoir sortir du marasme musical des années précédentes. Mais c’était compté sans une organisation brouillonne et des faux pas qui se sont enchaînés au fil des jours.
Aujourd’hui, la sélection de la SF est pointée du doigt par les médias. Le quotidien « Le Matin » dénonce une volonté d’écarter les suisses Romands avec un site uniquement en allemand et un système de vote totalement rebutant. De quoi décourager plus d’un internaute ne parlant pas la langue de Lena !
La TSR reconnaît ce problème et Thierry Ventouras, patron des divertissements de la chaîne Suisse romande, commente : « A Zurich, on a une petite tendance à croire que le monde tourne autour de la langue germanique ». Quant au site Internet, il n’y va pas de main morte : « L'apparence générale est proche du listing bancaire. Arriver jusqu'aux oeuvres des artistes ressemble à un chemin de croix. »
Le journal « La Tribune de Genève », revient sur « l’affaire Simongad » que nous vous avions relaté vendredi dernier. Avant la fin des votes, la qualification du chanteur ne faisait plus aucun doute. Et d’un coup d’un seul, Simongad perd plus de 3% tandis que le rappeur Duke remonte d’une manière considérable et jugé par beaucoup peu orthodoxe.
La DRS3 s’explique : « L’un des candidats a voulu être plus rusé [que les autres] et a triché. C’est pourquoi nous avons dû ajuster les résultats.» Pourtant, comme le fait remarquer Simongad, les responsables autorisaient un vote toutes les 20 minutes : « Si ils ne le permettaient pas, il fallait bloquer un vote par utilisateur. Donc non nous ne trichons pas, mais leur sourde oreille démontre leur Fake attitude! » (encore une histoire d’oreilles J)
Patrick Bromo, le manager de Simongad, écrit un long mail aux responsables. Il reçoit une brève réponse d’un collègue de Sasha Rossier, l’un des jurys qui est partie en vacances tout de suite après l’annonce des résultats. Patrick nous dit : « ils me répondent que les résultats sont clairs et sans défauts. Bref une réponse de 3 lignes à un long mail avec des questions précises. Ca n'est pas tres clair... » Il se trouve aussi que Sascha Rossier est un producteur de rap en Suisse allemande. Duke, dont les pourcentages ont gonflé peu de temps avant la fin des votes, est également rappeur. Doit-on y voir là une coïncidence ?
Du côté allemand aussi, on se fâche. Le site 20min.ch relate également l’accusation de tricherie et accorde un « zéro point » à la sélection Suisse. Selon le site d’information, les candidats retenus ne sont pas à la hauteur des espérances. Pour l’auteur de l’article, seuls Andrina, Duke et Illira pourraient obtenir mieux qu’un zéro pointé à l’Eurovision. La première parce qu’elle serait la benjamine de la compétition (elle a 16 ans et pourrait bénéficier de son jeune âge pour récolter quelques points) et les deux autres parce qu’ils sont respectivement originaire d’Albanie et d’Irlande et pourraient ainsi bénéficier des votes de leur contrée d’origine (ndlr : encore faudrait-il que le pays d’origine se trouve dans la même demi-finale que la Suisse).
Pour les autres candidats, le journaliste de 20 minuten n’envisage même pas un seul point au Concours s’ils se qualifient. Le groupe Polly Duster a « une chanson aussi originale que le jeu de mot dans le nom du groupe ». Il trouve que Bernarda Brunovic est incolore et que Anna Rossinelli s’est carrément trompée de Concours.
Un argument discutable selon moi concernant Sarah Burgess. L’auteur de l’article pense que sa nationalité va poser des problèmes : elle est américaine, et qui irait voter pour une américaine dans un concours européen ?
Des mécontents, on en voit aussi chez les fans. Les commentaires vont bon train. Roger nous écrit et dénonce le non respect du règlement qui exigeait des vidéos clips alors que certains candidats se sont contentés de diaporamas. « SF devrait faire son business tout seul dans son coin », nous dit-il, visiblement en colère.
La colère, elle se manifeste aussi dans les commentaires postés sur le site officielle de la sélection suisse. Ils sont peu nombreux, les internautes qui croient encore à une qualification de la Suisse pour la grande finale du 14 mai.
Pour ma part, l’espoir de la Suisse pour le prochain Eurovision porte un seul nom : Sarah Burgess. J’aurais beaucoup aimé voir Simongad, Katherine St-Laurent et Lynn en finale. Trois professionnels qui connaissent leur métier sur le bout des doigts. Ils avaient investi beaucoup dans cette aventure. Comme le dit Simongad : « La vie donne et reprend ».